3 Settembre 2016

La fiamma tricolore simbolo del Front National francese

Fonte:

www.lci.fr

FN: que signifie cette flamme que Marine Le Pen ne veut plus voir

2017 – Marine Le Pen, qui fait sa rentrée politique ce samedi , va faire disparaître des affiches de sa campagne présidentielle le logo et la flamme tricolore du FN. D’où vient cette flamme et que veut-elle dire dans la symbolique frontiste ? Les réponses de LCI.

Du passé, faisons table rase. Marine Le Pen, qui entre samedi en campagne à Brachay (Haute-Marne), passe les vieux symboles à la lessiveuse. Ses affiches pour la présidentielle ne comporteront ainsi ni mention du Front national, ni la célèbre flamme tricolore adoptée en 1972. Cette dynamique de “normalisation” n’a rien de nouveau puisqu’elle était à l’oeuvre dès sa première campagne de 2012.

L’héritage de l’extrême droite italienne

La flamme tricolore a été adoptée dès la création du Front national en 1972. Le travail des historiennes Valérie Igounet et Pauline Picco, spécialistes de l’extrême droite, montre qu’il s’agit ni plus ni moins que d’un copier-coller de la flamme tricolore italienne du “Mouvement social italien” (MSI) de Giorgio Almirante, parti constitué en 1946 avec le concours d’anciens responsables fascistes.

Au début des années 1970, l’extrême droite française, alors en construction, se cherchait des modèles. Le MSI, qui dépassait déjà 5.5% des voix lors des élections en Italie, en fournissait un. Avant de fournir son logo, le MSI avait déjà financé des affiches d’Ordre nouveau, l’ancêtre du FN (dont le symbole était une croix celtique). Il fera de même lors des premières campagnes du FN, fournissant cette flamme tricolore dont seules les couleurs changeaient – bien pratique pour les graphistes de l’époque. Le FN de s’affranchira du MSI qu’au mitan des années 1980, fort de ses succès électoraux.

D’après les historiennes, la flamme italienne “symbolise une affiliation à une certaine mystique fasciste. Elle enjoint à la fidélité au passé et projette vers l’avenir”. Plus précisément, le socle de la flamme représente “la tombe de Mussolini à Predappio, renaissant éternellement”.

Le FN refait l’histoire

Dès 1972, Jean-Marie Le Pen s’est néanmoins employé à gommer les origines de ce symbole, le réduisant à un simple choix esthétique. “Nous avons utilisé cette flamme”, disait-il alors, “parce qu’elle nous paraît la plus jolie sur le marché graphique”. “Personnellement, je n’ai aucun contact avec le MSI italien”, assurait-il. Quarante-quatre ans plus tard, Wallerand de Saint-Just, trésorier et ténor du FN, ne nous dit pas autre chose lorsque nous le contactons…

“Dès l’apparition du FN, l’objectif était de réfuter la qualification d’extrême droite”, explique Valérie Igounet à LCI. “Après la scission d’Ordre nouveau, le FN voulait apparaître comme un parti politique respectable. “Après la scission d’Ordre nouveau, le FN voulait apparaître comme un parti politique respectable. Le roman des origines du FN ne se situe pas à l’extrême droite.”

En octobre 2011, Marine Le Pen avait pourtant reconnu elle-même la filiation lors d’un échange en Italie avec Assunta Almirante, la veuve du fondateur du MSI. “Elle sait qu’on lui a donné notre symbole”, avait lancé cette dernière à l’attention de la présidente du FN. “Vous avez conservé la flamme”, avait appuyé un autre participant. “Ah, on vous l’a empruntée, on a soufflé dessus”, avait répondu Marine Le Pen, comme le rapportent les historiennes. Lorrain de Saint-Affrique, proche et conseiller historique de Jean-Marie Le Pen, le confirme d’ailleurs sans ambiguïté à LCI. “Bien sûr, c’est la petite flamme du MSI. Dans les années 1970, le lien politique avec le FN était très important. Jean-Marie Le Pen et Giorgio Almirante ont d’ailleurs fait parti du même groupe au Parlement européen en 1984″…

Le symbole irremplaçable

Comme le relève Wallerand de Saint-Just, le logo de la flamme – “un fabuleux coup de com” selon lui – a fait l’objet de petites retouches par la suite. “Il a été restylisé. Certains disaient qu’il ne fallait pas y toucher, c’est ridicule !” Pour autant, personne n’a osé le faire disparaître totalement, malgré la symbolique qu’il charriait. “Cette flamme est aussi caractéristique que la faucille ou le marteau pour le PCF, et la rose pour le PS”, estime le trésorier du FN.

A la fin des années 1980, Bruno Mégret, alors numéro 2 du FN, avait bien tenté un lifting en profondeur, soucieux de “normaliser” le parti afin de pouvoir passer des alliances avec la droite dans son objectif de conquête du pouvoir – au moment même où Jean-Marie Le Pen multipliait les provocations sur les chambres à gaz, “détail de l’histoire”, et les clins d’oeil à l’extrême droite française. Dans cet objectif, Bruno Mégret avait fait appel à Frank Marest, ancien de Publicis devenu responsable de la conception graphique du FN. Lequel avait proposé une version très géométrique, plus éloignée de la flamme d’origine, aujourd’hui totalement oubliée :

Peine perdue : le “fer de lance” géométrique de Bruno Mégret a rapidement été remplacé par un logo beaucoup plus proche de l’original, “sous la pression des figures historiques du FN”, précise à LCI Valérie Igounet. Alors que, côté italien, le successeur de Giorgio Almirante, Gianfranco Fini, rapetissait la flamme pour “normaliser” sa formation, côté français, le FN la consacrait donc en 1997 pour en faire son symbole officiel. Marine Le Pen a tout juste osé, en 2011, moderniser le logo dans une version plus “dansante”…

Quant à l’avenir… Si la présidente du FN tient à se passer du symbole – voire de son propre nom de famille – pour la présidentielle, pas question, pour l’heure, d’éteindre la flamme sur le logo même du parti. “Marine Le Pen s’extrait du FN et de ses attributs pour cette rencontre avec le peuple”, justifie Wallerand de Saint-Just. “Pour autant, le FN continuera à utiliser ces symboles, notamment lors des législatives. Quant au nom du FN, pour le moment, on n’a jamais trouvé mieux. Le mot ‘nation’ revient au goût du jour…” Les “historiques” du FN seront donc rassurés.